Mieux se parler

Exercice & Conseils

Souvent nous avons beaucoup de mal à nous rendre compte de la manière dont nous nous parlons. Dans notre quotidien nous sommes soumis à une myriade de messages négatifs, déprimants et défaitistes (la France en particulier). Cela au travers des journaux télévisés (qui ressassent en boucle des évènements tragiques), la publicité, la presse avec ses messages contraignants d’un corps parfait, l’amour parfait, le bonheur parfait, la voiture parfaite, insistant régulièrement sur nos manques, créant ainsi de la peur et de l’inquiétude. Vous remarquerez qu’être continuellement soumis à tous ces discours, ce type de pensées vous allez commencer à chercher en vous ce qui cloche et ce que vous devriez parfaire. Débute alors un conditionnement personnel dont vous serez votre propre dictateur voire despote.

Prenons le cas classique du ventre plat, l’indémodable impératif pour femmes depuis toutes ces années à l’approche des beaux jours. Nous allons voir, dans l’espérance d’obtenir ce résultat à l’identique du magazine, comment vous allez engager un processus de « mal vous parler ».
 

  1. Vous allez commencer par souhaiter cela et vous allez vous parler avec la peur. « Comment elle est golée celle-là, c’est impossible, c’est vrai que j’ai quand même du ventre, en plus je pars en vacances à la plage cet été, je n’ai pas envie d’avoir la honte, je n’ai pas envie d’être obligé de le cacher, cette année je veux bronzer, j’en ai marre de ce physique.»
     

  2. Avec la peur, viennent les messages contraignants et les injonctions, on se motive comme on peut me direz-vous. S’enchaîne une collection de « tu dois, tu es obligée, il faut, c’est impératif… ». « Dès maintenant tu dois manger moins gras, c’est impératif de faire du sport, tu dois être motivée, tu es obligée d’avoir ce ventre plat, faut rester forte sinon tu échoueras, obligée de souffrir pour être belle ! »
     

  3. Maintenant vous entamez une mise en application pratique et le vivrez comme une souffrance. Vous allez associer le fait prendre soin de vous comme une contrainte. Logiquement, petit à petit, vous vous relâchez et vous laissez tomber en vous disant « faut bien vivre, faut profiter de la vie, ce n’est pas pour moi, à mon âge faut s’accepter, de toute façon ce sont des bêtises, c’est dur, c’est compliquée, j’ai pas le temps… »

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Donc c’est tout naturellement que vous n’obtiendrez aucun résultat probant, vous êtes dégoutée, en colère, vous augmentez votre manque d’estime. Alors comment se fait-il, qu’au départ, cette bonne idée (perdre du poids, faire du sport, améliorer son hygiène de vie), soit devenue un calvaire et une souffrance ?

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Premièrement, les modifications instaurées étaient trop brutales, trop soudaines. Le cerveau n’a pas eu le temps de s’adapter et de créer les connexions utiles pour mettre en place le changement afin qu’il dure. Le cerveau n’interprète rien de son propre chef, il fait ce qu’on lui demande à condition de le lui demander intelligemment.

Deuxièmement, c’est votre intention de départ qui a créé une motivation extrinsèque (extérieure, en la personne de la jeune femme sur le magazine). Vous avez ainsi réagi par peur, par manque de confiance. Le problème de la motivation extrinsèque est qu’elle ne dure que très peu dans le temps. Elle s’effrite.

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Troisièmement la façon dont vous vous êtes parlé. Cela a entretenu vos inquiétudes et renforcé votre peur de l’échec. Vous avez réalisé ce que vous avez craint le plus. En vous parlant sous forme d’injonctions, en vous donnant des ordres, vous n’avez aucune alternative, vous êtes dans une impasse. On peut résumez ainsi « ça passe ou ça casse !» un sacré dilemme. Le changement est nécessaire même vital pour l’être humain et doit être abordé avec douceur et intelligence d’où parfois l’intérêt de se faire accompagner. On veut bien changer à condition que ce soit facile et amusant.

En résumé le changement est inefficace lorsque :

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BOULEVERSEMENT BRUTAL ET SOUDAIN DES HABITUDES

+ MOTIVATION PAR LA PEUR + INJONCTIONS, ORDRES.

 

Vous allez me dire, « très bien André, comment fait-on alors ? »

 

D’abord prenez le temps de la réflexion, évitez d’être en réaction. Si votre objectif est ce ventre plat, envisagez plusieurs options et posez-vous cette simple question « Pourquoi est-ce important pour moi d’avoir ce ventre plat ? » Ensuite, écoutez et ressentez vos réponses, ne censurez aucune d’elle. Enumérez les possibilités pour atteindre votre objectif.

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Après, pour savoir comment vous vous parlez, prenez-vous entre 5 et 10 minutes chaque soir sur une période d’une semaine par exemple. Notez les moments de la journée et le contexte où vous avez eu des paroles limitantes, dévalorisantes à votre égard. Il est nécessaire d’identifier la façon dont vous vous parlez, avant de vouloir la corriger. « Vouloir guérir le mal sans le connaître, c’est le fortifier. » Robert Sabatier

Exemple :

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Lundi 09.08

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Le matin, à la maison, au réveil. « Fait ch*er, je suis claqué, fatigué, pas envie d’aller au boulot ! En plus j’ai une tonne de dossiers qui m’attendent. »

Le matin en allant au travail, dans la voiture. « Chouette des bouchons, je vais arriver en retard, je suis bon pour faire des heures supplémentaires. Elle commence bien la semaine. »

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A midi, à la cantine, avec les collègues : vous tâchez votre chemise « Ah ben bravo t’es vraiment nul. Cela n’arrive qu’à toi.  Arrête d’être maladroit comme ça, tu te fais remarquer. »

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J’imagine que vous avez compris le principe. Cette phase permet réellement d’entrevoir la façon dont vous parlez avec vous-même. Maintenant l’idée, est que vous notiez ce que vous aimeriez vous dire à la place.

 

On reprend :

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Lundi 09.08

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Le matin, à la maison, au réveil. « Fait ch*er, je suis claqué, fatigué, pas envie d’aller au boulot ! En plus j’ai une tonne de dossiers qui m’attendent. »

J’aurais pu me dire : « Ok, c’est Lundi, je vais prendre un bon petit déjeuner et en profiter pour charger mes batteries car j’ai beaucoup de travail. C’est un bon challenge qui m’attend. »

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Le matin en allant au travail, dans la voiture. « Chouette des bouchons, je vais arriver en retard, je suis bon pour faire des heures supplémentaires. Elle commence bien la semaine. »

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J’aurais pu me dire : « Bon il y a des ralentissements et c’est pour tout le monde pareil. J’appelle le bureau et je préviens, de toute façon s’énerver ne fera pas disparaître les voitures. J’en profite pour organiser ma journée. »

A midi, à la cantine, avec les collègues : vous tâchez votre chemise « Ah ben bravo t’es vraiment nul. Cela n’arrive qu’à toi.  Arrête d’être maladroit comme ça, tu te fais remarquer. »

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J’aurais pu me dire : « Cela n’a aucune incidence sur qui je suis. La prochaine fois je prendrai une serviette, rien de grave, j’ai une chemise de rechange à mon bureau et en plus je n’ai aucun rendez-vous aujourd’hui. Que celui qui n’a jamais tâché sa chemise me jette la première pierre. »

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Notez-vous les moments les plus marquants où cela vous a mis dans un état émotionnel désagréable (colère, tristesse, dégoût, peur, mépris). Cela vous fera réaliser étape par étape que la manière dont on se parle est très importante et conditionne l’état dans lequel on se trouve. On peut être à la fois son plus grand maître et son plus grand tyran. En appliquant ce conseil vous remarquerez au fil des jours que vous commencerez naturellement à vous corriger et à relativiser. Cela agira en douceur et tiendra dans la durée, car la formulation « j’aurais pu me dire, j’aurais aimé me dire, j’aurais eu le droit de me dire » vous laisse le choix, aucune injonction, c’est un exercice simple. Pour un résultat positif et définitif, pratiquez cet exercice sur une durée de 3 semaines, tous les jours, 5-10 minutes, pas plus. C’est le temps qu’il faut pour éduquer votre cerveau en douceur et ancrer ce nouveau fonctionnement.

 

Soyez bienveillant envers vous,
traitez-vous en première classe. Vous le méritez.

J’écoute la voie intérieure                                                         J’écoute le soi supérieur
(égo/mental)              
                                                                (âme/cœur)

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J’essaie de contrôler                                                                  Je fais confiance

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Je ne vois pas mes avantages                                                   J’apprécie mes avantages

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J’ai besoin                                                                                   J’aime

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Je suis insensible                                                                        Je fais attention

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Je suis tourmenté                                                                       Je suis en paix

​

Je manque d’inventivité                                                            Je suis créatif

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J’ignore ma valeur                                                                      J’ai conscience de ma valeur

​

Je rejette, j’ai peur                                                                     J’attire, j’aime

​

J’ai une approche négative                                                       J’ai une approche positive

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Je me sers, c’est à moi                                                               Je partage avec les autres

​

Je m’ennuie                                                                                Je m’implique

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Je me sens vide                                                                          Je suis comblé

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Je doute de moi                                                                         Je crois en moi

​

Je suis insatisfait                                                                         Je suis comblé

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Je me renferme                                                                          Je m’ouvre

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J’attends                                                                                     J’agis

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Je ne sers à rien                                                                         J’existe

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J’ai la vie dure                                                                            Je m’épanoui dans la joie

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Je suis déçu                                                                                J’accepte ce qui m’arrive

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Je ressasse                                                                                  Je pardonne et évolue

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Je stress beaucoup                                                                    Je profite et me détend

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J’ai beaucoup de retard                                                            Je prends le temps

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Je suis faible                                                                               Je suis fort

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Je suis pauvre                                                                             Je suis riche

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Je suis tout seul                                                                          Je suis entouré

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Je me méfie                                                                                Je m’écoute            

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